Poésie sous plastique


Le grand silence














On aura tenté de croire en des réincarnations
Des jardins bien tenus aux parfums de rose
Flottant à la surface de l'éternel, oui
On avait du goût pour l'Eternité
On aura créé des plages anallergiques
On se sera consternés sur nos guerres
Nos obscurantismes constamment réchauffés
Nos décadences
Toujours scandées par les mêmes démons
On aura cherché la perfection holographique
 La perfection transgénique aussi
L'évacuation du passif
Par une activité sans borne
Porteuse d'une croissance millimétrique pour ceux qui savent
Et l'idée que tout est devant 
On aura cru qu'on pouvait méditer
Mais au fond, dans l'infini ciel des mondes
Les temps étaient comptés
Quoi qu'on en fasse 
Dans ces bruits sans fin de l'excitation
S'accomplissait le voeu final
Le voeu de commencements intergalactiques
Des vides sidéraux peuplés d'un ça sombre
Et malgré notre zèle à survivre aux chaos
Malgré notre nostalgie de l'ordre
Le grand chambardement de l'univers
Ferme la bouche au cri global 
Lui tient bien haut le dérisoire
Nous disparaîtrons, même sans nous
Sans nos fois vaines et nos terreurs d'enfants
Les espaces-temps nous engouffreront dans l'oubli 
Dans les silences infinis du cosmos
S'imposera la règle fondamentale
Qu'il n'y a aucun invariant
Mais que nous ne serons plus là pour le savoir





Le grand silence






Mars 2016