Rappelle-moi
les petites choses, les glissements
Les terreurs
gluantes l'été sur l'océan
Rappelle-moi
les ondes invisibles
Les airs
moribonds et les vents
Extrais-moi
de l'évidence et du songe
La pauvreté
des uraniums a fait fondre les dates
Ne me pousse
pas dans le gouffre édenté de l'évanescence
Accroche-moi
au bord des catastrophes et des meurtres
Ne m'emmène
pas célébrer les défunts d'un seul lieu
Octroie leur
une place à l'Orient
Ravive ma
défaillance et ma pâleur
Au brasier
des images faisant fondre les dates
Je veux me
souvenir de tout, ne m'oublie pas !
Le Japon et
les Golfes, le ventre du Mississippi
N'efface pas
sous les minutes de ton silence
Ce
qui chute à l'infini dans le froissement des pages tournées
Les doigts
gourds, laisse-moi choisir le Livre
Commémore
avec moi l'absence et l'oubli qui la berce
Commémore
l'oubli
Commémore
l'oubli qui frappe partout ailleurs
Commémore en
écrasant mon front
Tous les
autres comme mes morts
Comme mes morts
Partout, le 11 Septembre 2011