Poésie sous plastique


Le Requiem des Gueux










Tu ne pouvais pas savoir, avant
Avant, quand le temps était encore possible
Les voies ouvertes malgré quelques secousses et les rêves
Tu ne savais pas et c'était important
Que ta route serait longue et nue
Et ta voix de moins en moins audible
Tu ne savais pas comme il faudrait se battre
Pour continuer de croire qu'être soi suffit
Et s'accoupler au flux
Tu n'entendais pas et c'est normal
Peu te parlaient de ta vie
Puis chaque pas est devenu plus lourd
Et chaque inhalation
Plus cinglante aux poumons
De tant d'appels écrasés sous les heures
Tant d'appels effacés par les rues
Tu ne savais pas que ta solitude était ton seul bien
Qu'elle  seule te serrerait la main dans la mort
Que personne ne te saurait, ne te penserait, ne te chercherait
Personne
Tu ne savais pas que les seuls signes de ton passage
Parmi le brouhaha des vivants
Seraient, laissés au vent, pendant des semaines
Les amnésies d'une vie dont tu avais perdu le nom





 Le requiem des Gueux










Décembre 2016