Poésie sous plastique


Privatisons la Lune !







L'air s'est raréfié
Souillée par l'haleine de l'impensable, l' eau croupit
Et tout à coup, c'est fait, la Lune disparaît
La connaître en a arraché la peur et la magie
Suivant l'ordre écrasant de nos appétits
Doit maintenant dégorger
Sous la trivialité
Le ventre nu de ses matières
Nous sommes restés assis au soir
Songeurs, songeurs
Sous ses reflets bleutés
Patiente et calme dans sa part d'infini
Nous pensions qu'elle accompagnerait encore nos humeurs et nos cycles
Les poussées de nos herbes vers sa lueur mutique
Nous pensions qu'elle présiderait à nos marées
Ritualiserait encore nos destins chaotiques
Indifférente. Indifférente
Nous n'avons pas senti l'onde ténue de son ressac
Le choc infime de ce qui basculait
Trop tard, pour toujours jetés hors du sacré
Nous allons la posséder puis nous dissoudre
Techniciens exsangues, aspirés par l'insignifiance de nos fictions
Vidés de l'éternité en nous-mêmes

Privatisons la Lune !