Poésie sous plastique


L'Homme de Palmyre








Le soleil est devenu noir, soudain là où ton soupir s'éteint
Broyé sous les coups de talon des hurleurs de dieu
Khaled al-Asaad, ta tête pleine du poids de notre histoire commune
Est tombée, arrachée par les poings des dévots
Ta chute nous transperce, ton cœur résonne dans nos mains jointes
Sa plainte se tendant vers nulle part puisque c'est là que nous allons
L'horizon est tombé au sol avec elle, recroquevillé dans les ténèbres
Les mouches sauvages tournent en priant nerveusement
Autour de ta dépouille, sans plus savoir vers qui
Quel dieu, quel prophète pourra jamais garder les yeux dans les tiens ?
Tout ce travail, cet effort pas à pas vers la lueur
Tout cet effort à devenir humain en dépit des siècles
Brisé par vous, bêtes sanglantes
Quel dieu pourra jamais vouloir vous prendre dans ses bras ?







Août 2015



Khaled al-Asaad, figure de l'archéologie syrienne
Décapité à Palmyre, sa dépouille exposée





L'Homme de Palmyre