Poésie sous plastique


Logorrhée des masses






                                         


Tous les mots lâchés par flot, jetés compacts
Tous les mots éviscérés
Plats d'avoir été piétinés jusqu'à leur point d'insignifiance
Mâchés  jusqu'à leur lie
Brame continu des nappes souterraines encerclées de certitudes
Cris des humanismes tièdes et du bien entendu
Mort à l'expert et à son travail dans le noir des jours
Penser est trop lent et ne mène nulle part
Qu'au doute
Monde incorrigible du verbiage sulfateux
Monde bruyant des gueules stuporeuses
Chacun sait, croit qu'il sait, dit qu'il sait
L'égalité fait rage
Mort à l'expert serré dans sa caverne
La pensée fume et ses oripeaux traînent au long des flux
Brasse le vent des cendres
Le silence est en deuil
Là où les affaires humaines se bousculent
Les mâchoires broient leurs dents
La nerveuse lapidation du commentaire opère
Le règne du médiocre s'engendre in vitro
L'acte verbeux auto-promotionnel est roi en son désir inassouvi
Chacun se partage le gâteau
Monde souffreteux du vertige à rebours
Ta jactance nous efface heure par heure
Cherchant dans l'obscurité à remettre l'énergie perdue des adulations à sa place
Tous lui coupent le souffle en plaquant un nouveau commentaire
Le droit de parole s'ébroue dans la mélasse 
Les mots s'épuisent comme les ressources
La prendre surtout !
La prendre et garder à tout prix la parole !
N'aie donc pas peur, personne ne t'écoute
N'aie pas peur
Tous ont quelque chose à te dire.






Logorrhée de masse


Mars 2012